Des Gaulois craignaient que le ciel leur tombe sur la tête. Des Grecs prêtaient à Zeus le pouvoir de foudroyer les insolents. Les citoyens de tous pays peuvent aujourd’hui se demander si des drones ne sont pas là-haut, prêts à frapper.
Aux Etats-Unis, Maison Blanche, Pentagone et CIA sont, pour une fois, d’accord : combattre au sol ne peut être qu’un dernier recours ; faire donner l’aviation n’est qu’un moindre mal ; le fin du fin est d’utiliser des drones. Aucun pilote en danger. Précision garantie. Les ennemis de l’Amérique peuvent être abattus où qu’ils soient. Comme dans un jeu vidéo.
Drones espions, drones tueurs, drones à tout faire sont produits par milliers. Des nouveaux modèles sortent constamment. La robotique militaire est en plein boom. La recherche est en ébullition. La science fiction est en marche et une nouvelle course aux armements engagée.
Les Etats-Unis ont plusieurs années et plusieurs technologies d’avance. Disposent-ils pour autant du droit d’user, à leur gré, de leur capacité à intervenir n’importe où, n’importe quand ? Jusqu’à quel point peuvent-ils invoquer la légitime défense et décider eux-mêmes quels sont les hors la loi ?
Au Yémen comme en Somalie, personne n’est à même de hausser la voix mais au Pakistan, la colère gronde. En deux ans, plusieurs milliers de raids ont été effectués dans les « zones tribales ». Le gouvernement pakistanais aurait voulu, à tout le moins, être tenu au courant. Les Américains, ayant de bonnes raisons de se méfier, ont préféré agir unilatéralement. Apothéose : l’opération Ben Laden a été montée dans le plus grand secret.
Sans doute, dans cette affaire, la raison est-elle davantage du côté de Washington que d’Islamabad mais le Pakistanais de base n’en a cure. Il déborde de haine.
L’ubiquité des drones risque d’enflammer d’autres peuples. Le Droit est en retard sur les faits.
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