A l’exception des fronts, de Macron à Fillon, les programmes économiques proposent tous des réformes plus ou moins libérales : diminution de la part de l’état dans le PIB, baisse de la fiscalité d’entreprise, assouplissement du code du travail, réduction drastique du nombre de normes… L’objectif étant de rétablir des conditions favorables à la création d’emploi afin que notre économie ne rejoigne pas le groupe des PIGS. Cette nécessité d’insuffler de l’oxygène et de la liberté dans l’économie marchande ne doit pas se traduire par un gouvernement faible et en retrait. Bien au contraire, dans une économie de marché, le rôle du gouvernement est d’assurer avec force l’équilibre et le bon fonctionnement de l’économie, en garantissant la concurrence, la propriété industrielle et une grande incitation à la création d’entreprises par des actions claires, fermes et stables.
Ce profil d’état est un minimum car les nouvelles technologies vont imposer bien d’autres projets aux gouvernants, dans la mesure où pratiquement toutes les professions seront plus ou moins touchées.
Tout d’abord il faudra anticiper sérieusement l’impact des innovations sur notre économie, qu’il s’agisse du numérique, des biotechnologies et de tout autre domaine, en s’informant en permanence de ce qui se passe partout dans le monde. Car le berceau de l’innovation n’est plus situé uniquement aux Etats-Unis. Par définition, il y a dans les phénomènes d’innovations une forte composante de surprise qui concerne toutes les facettes de notre société. Ceci implique que nos gouvernants, dans la mesure où l’innovation nécessite un changement de loi, devront adopter une attitude d’ouverture, de souplesse et d’imagination. On ne peut plus concevoir que, comme dans le cas des taxis, les changements professionnels fassent , en retard et de manière réactionnelle, l’objet de conflits et de longues négociations dont les résultats ne sont pas forcément les meilleurs. Car sinon pratiquement toutes les catégories professionnelles devront subir des crises.
Pour autant, anticipations et réformes rapides ne signifient pas précipitations car la gestion du changement implique des périodes d’adaptations. De même que le plongeur effectue des paliers de décompression, il faudrait que le passage de l’ancienne situation à la nouvelle fasse l’objet de période de transitions, inscrites dans la loi, pour permettre aux entreprises d’adapter le niveau de leur emploi et de leurs investissements à la hausse ou à la baisse, et de manière qualitative. L’objectif étant d’éviter des évènements comparables à ce qu’a connu à l’époque France Télécom quand en France cette société devait réduire ses effectifs de fonctionnaires. Comme l’affirment les consultants, « la gestion du changement, c’est un métier ! » et, dans le privé, le message est bien passé. Mais ce n’est pas encore le cas dans l’administration française, qui elle aussi devra faire sa révolution culturelle managériale, dont les mots clés seraient : transparence, meilleure affectation des ressources, management en réseau , abandon de la hiérarchie pyramidale, gestion des prises de décision et prises de risque moins procédurières, souplesse des règles RH, conseils ex-ante plutôt que répression ex-post vers les entreprises, meilleure compréhension du monde de l’entreprise, pragmatisme, réactivité, agilité, etc.
Tout cela devrait se traduire par une meilleure satisfaction des fonctionnaires et des usagers et faire l’objet d’un vaste programme mentionné en clair sur les feuilles de route des ministres de 2017.
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