Dans le dialogue de sourds entre la France et l’Allemagne, Hollande a remplacé Sarkozy, mais une chose ne change pas. La France fait toujours mine de ne pas entendre ce qu’on lui crie : rien ne sera résolu en Europe tant que les Européens, Français en tête, n’accepteront pas plus de fédéralisme donc d’abdication d’une partie de leur souveraineté au profit de l’Union.
Ne parlons même pas du sauvetage de la Grèce ou de l’Espagne, de la règle d’or, du traité ni des euro bonds. Prenons le « petit » exemple le plus concret, les espoirs fondés sur la BEI (Banque Européenne d’Investissement) pour soutenir la croissance. C’est une des pistes les plus consensuelles et les plus tangibles dont on peut sérieusement espérer qu’elle débouche sur quelque chose au prochain sommet européen. La BEI est susceptible de transformer assez rapidement 10 milliards d’augmentation de capital - c’est le chiffre évoqué - en 180 milliards d’investissement (elle investirait 60 ce qui sécuriserait d’autres investisseurs apportant 120). Elle pourrait aussi être le « rehausseur de crédit » des « project bonds » (qui n’ont rien à voir avec les euro bonds).
Ce qui fait l’intérêt de la BEI et sa capacité à rassurer les autres investisseurs (elle a toujours son AAA) c’est qu’elle fonctionne comme un banquier, un banquier susceptible de prendre plus de risques que d’autres et d’investir à contre conjoncture mais un banquier évaluant la rentabilité de chaque projet. Contrairement à la Commission de Bruxelles (dont elle ne veut surtout pas à son conseil d’administration) elle ne se préoccupe pas - il faut en avoir conscience - de savoir si un projet est transnational (complications garanties) ou si ses financements sont suffisamment saupoudrés entre les 27. Quand elle débloque le financement de la ligne de TGV Tours-Bordeaux c’est parce qu’elle estime que le jeu en vaut la chandelle. Pas parce que c’est en France.
Autrement dit, sommes-nous capables d’admettre que, pour relancer la croissance en Europe, comme le demande le Président Hollande, la BEI annonce dans les prochains mois des investissements en Espagne, en Italie, en Irlande … et pas en France ? Nous ne serions que les bénéficiaires indirects. Pas pour nous contrarier mais simplement parce que nous n’aurions pas su lui présenter de nouveaux projets assez mûrs ou assez convaincants.
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