Rien ne serait plus dangereux que de prendre les dirigeants iraniens pour des illuminés. Ils sont intelligents, calculateurs et, lorsqu’ils prennent des risques, c’est qu’ils espèrent et croient possible d’en tirer avantage. Les propos du président Ahmadinejad selon lesquels « Israël doit être rayé de la carte », ne sont ni le fruit du hasard, ni la manifestation d’une phobie. Il s’agit d’une manœuvre tendant, d’abord et avant tout, à faire de la Perse le leader du monde arabe.
Les Iraniens, chacun le sait, sont des musulmans chiites. En tentant une sorte d’OPA sur la cause palestinienne, chère au cœur de tous les sunnites, ils visent à dresser les peuples des Etats arabes contre leurs dirigeants. Des dirigeants qui, bien que sunnites, sont en retrait plutôt qu’à la pointe du combat. A tous ces rois, princes et présidents, Ahmadinejad va jusqu’à promettre « le feu et la fureur de la communauté des Croyants ».
L’enjeu de cette immense partie n’est rien moins que l’avenir du Moyen Orient et la maîtrise de son pétrole. Déjà , les Mollahs ont réussi un coup de maître en contribuant à faire approuver par les chiites irakiens une constitution qui, bien que voulue par les Américains, peut se retourner contre eux. L’Etat, en principe fédéral, n’aura que des pouvoirs illusoires. La partie la plus importante du pays sera aux mains des chiites qui, à terme, s’entendront avec leurs frères iraniens.
Maintenant, l’Iran double la mise. L’Arabie Saoudite, les Emirats et autres pays, hostiles à Israël mais désireux de ne pas trop déplaire aux Américains, se trouvent débordés. Al Quaïda n’est rien comparé à la menace que représenterait pour eux un régime iranien devenu populaire auprès des foules sunnites.
Si, en bout de course, tout le golfe arabique devenait persique, Téhéran deviendrait l’un des centres du monde. Ce serait exactement l’inverse de ce que souhaitait Bush lorsqu’il est intervenu en Irak. Les conséquences géopolitiques et économiques seraient beaucoup plus lourdes que celles entraînées par la guerre du Vietnam. Le président américain éprouve donc la tentation d’en finir avec le régime des Mollahs. Des projets militaires ressortent des cartons. Des frappes ciblées sur des installations nucléaires et autres points névralgiques sont sérieusement envisagées.
Les dirigeants iraniens sont évidemment conscients du risque mais l’ont pris en toute connaissance de cause. Ils agissent comme s’ils étaient certains que, tôt ou tard, un président américain se rendra à Téhéran comme Nixon s’est rendu à Pékin. Israël, alors, n’aurait pas été physiquement « rayé de la carte » mais les pays arabes auraient un nouveau suzerain.
Commentaires
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Bonjour,
Je vous prie d'excuser le double trackback sur votre excellent article. La duplication a été dûe ? un problème de connexion avec la base de données.
Cordialement,
José PERES BAPTISTA
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Comme au go ou aux échecs il faut savoir prévoir les coups de l'adversaire et non réagir au coup par coup !!!
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