Le premier tour des élections présidentielles a deux significations. D’abord et c’est le point le plus abondamment commenté, il indique des choix à un moment donné. Ensuite et c’est un aspect beaucoup moins perçu il indique des aspirations qui devraient orienter le futur travail démocratique.
Le premier enseignement est la forte participation qui n’a eu d’égale que la consultation de 1974. La différence est cependant de taille. Il y a 33 ans, la dominante était un affrontement gauche-droite, aujourd’hui on se trouve devant une situation plus nuancée Cette différence est porteuse d’une nouvelle dynamique dont le moteur n’est plus l’affrontement. Le score de François Bayrou en est un symptôme. Toutefois les suffrages qui se sont portés sur le troisième candidat demeurent peu structurés. Il manifeste un ni-ni plutôt qu’un choix. Le premier travail à faire est de donner forme à une masse de nouvelle citoyenneté encore confuse.
Le score de Nicolas Sarkozy marque l’émergence d’une nouvelle problématique d’identité nationale. Ce thème relativement épuré de l’extrémisme frontiste touche une réalité majeure. En phase de mondialisation, il faut se sentir de quelque part pour pouvoir s’ouvrir à des horizons plus vastes. Le travail à faire après les discours électoralistes est de donner un essor à une citoyenneté nationale assez assurée d’elle-même pour embrasser une citoyenneté mondiale.
La composition des suffrages qui se sont portés sur Ségolène Royal pose le problème de la rénovation de la gauche de gouvernement. Le Parti socialiste est pris entre l’érosion de son audience populaire et le trouble provoqué par le côté « gauche caviar ». A cela s’ajoute le paradoxe d’une campagne misant sur la proximité sans projet à véritable contenu humaniste. Déchargée du poids des extrémismes naïfs ou désuets, il lui reste a trouver un nouveau souffle conciliant l’émotion et la vision.
Mis à part la prestation personnelle d’Olivier Besancenot, il ne se dessine pas de fracture des âges entre les jeunes et les autres. Les votes des nouveaux inscrits se répartissent grosso modo comme ceux de leurs aînés. Cela devrait conduire, dans l’avenir, à éviter les amalgames trop fréquents autour des problèmes « des jeunes ».
Les sondages d’intention de vote ont une nette valeur prédictive. Alors que leur capacité à donner contenu aux aspirations demeure à peu près inexistante. On pourrait souhaiter que la fiabilité de cet outil démocratique joue dans l’avenir un rôle moins réduit.
Ajouter un commentaire