Pour gagner l’élection, il est certes utile :
De ne pas trop parler d’austérité,
De laisser croire que la croissance va reprendre à partir de bonnes mesures d’assainissement de nos finances publiques,
De laisser croire que le chômage va diminuer à partir du retour de la confiance que nous allons rétablir,
De répéter que la création de 60 000 emplois dans l’enseignement et le contrat de génération ont un coût apprécié par des experts extrêmement compétents dont ils ont trouvé le financement,
De répéter que l’on supprimera le moins possible d’emplois dans le secteur public, sauf dans les zones particulièrement engorgées.
Tout cela pourrait paraître juste si l’on en avait les moyens.
A ce jour, le succès de l’élection présidentielle en dépend, hélas.
Mais avant toutes choses, il est peut-être utile de rappeler des données objectives, qui ne sont ni de droite ni de gauche parce que ce sont simplement des faits.
A partir d’une dette qui n’a cessé de croitre, la dépense publique devra impérativement diminuer. Non pas mécaniquement, mais de manière ciblée, intelligente et responsable.
L’entreprise française, soumise à une concurrence mondiale féroce, devra être respectée, encouragée, assistée, car elle est de beaucoup la seule créatrice d’emplois.
Aux tenants nostalgiques de rêves révolutionnaires hérités d’un marxisme de cuisine, il faudra opposer une économie de marché régulée, la seule au monde qui fonctionne, hors les dictatures socialistes agonisantes.
La crise n’est pas derrière nous, n’en déplaise à Nicolas Sarkozy.
Elle est bien là et pour longtemps. Tous les dangers viennent de l’extérieur alors que la campagne électorale est d’abord hexagonale.
Parmi eux le plus grave pour nous est la fragilité de l’Europe.
L’écart se creuse entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud, entre l’Allemagne fourmi disciplinée et vertueuse et le France, cigale dispendieuse.
L’obligation la plus ardente en Europe est de tout faire pour consolider ce qui peut l’être encore. Rude tâche, maniant les compromis avec subtilité et réalisme.
A partir de ces constats simples, quelles sont les différences de traitement entre la droite et la gauche ?
D’abord réaffirmer une position morale exigeante :
Vérité, exemplarité, solidarité.
Ces vertus, les socialistes ne les ont pas toujours respectées, même en des temps récents, ils n’ont pas à se poser en donneur de leçons mais à être fermes dans leurs engagements pour l’avenir.
Ensuite, dans les réformes indispensables, qui ne seront pas toujours agréables à ceux qui les subiront, veiller toujours à ce qu’elles apparaissent comme les plus juste possibles.
Cette notion d’équité, de justice sociale est profondément ancrée dans les esprits, en particulier, dans ceux des classes moyennes inquiètes de leur avenir.
La réforme fiscale sera à cet égard un test éclairant, permettant de juger si les sacrifices sont équitablement répartis sans provocation inutile.
Les 75% de prélèvements au-dessus du million de revenus est une fausse bonne idée. Elle rapporte peu et stigmatise une classe dirigeante qui compare ses revenus à ceux qu’elle observe dans des pays d’économie comparable. A la fuite des capitaux, s’ajoutera la fuite des cerveaux.
Enfin, et ce serait une véritable révolution, que l’Etat n’intervienne pas à tout propos. Si l’Etat providence est derrière nous, si notre système social n’est plus totalement adapté à la nouvelle donne mondiale, le modèle social démocrate doit rester le nôtre.
Non plus celui d’Olof Palme (un parti fort, un syndicat fort, un système coopératif fort) mais celui de la méthode qui est toujours valable :
- Négociation permanente entre les acteurs socio-économiques.
- Intervention réduite de l’Etat, seulement là où son rôle est indispensable. Exemple type (les heures de travail, car les situations des entreprises sont de plus en plus différentes selon l’évolution des marchés).
Pour la réforme de l’Etat, ce n’est pas uniquement le nombre de fonctionnaires qui compte, mais l’efficacité, l’adoption de méthodes modernes, tout un état d’esprit de dépoussiérage volontaire. Rappelons que la « Réforme de l’Etat », publiée il y a une dizaine d’années, sous la direction de Roger Fauroux, n’a pas pris une ride. Hélas on ne s’en est guère inspirée.
Pour gouverner, en dehors des mesures d’urgence contenues dans le programme, se tenir contre vents et marées à quelques mesures phares, significatives, porteuses d’espérance, tenant compte de notre environnement.
Enfin, et l’on en a trop peu parlé, notre société évolue très vite. Les Verts condamnent la société productiviste, cela conduit à la déflation et à l’appauvrissement. Le capitalisme libéral, cher à Milton Friedman et à son école, a disparu pour très longtemps sous l’effet de la crise.
La nouvelle économie devra se plier aux nouvelles exigences de la société civile. Participation plus active aux affaires de l’Etat, de la Région, etc, ONG qui se constituent ça et là.
Et c’est là, le plus important changement notable de valeurs :
- Favoriser l’utile au détriment du paraître.
- Choisir la qualité au détriment de la quantité, au moindre prix sans doute, mais d’abord se faire plaisir.
Dans une croissance molle que les circonstances imposeront sans doute, inventer un nouveau mode de vie plus convivial, plus fraternel et qui sait peut-être plus joyeux.
La crise la plus récente, dont on nous dit que le détonateur fut la faillite de la banque Lehman Brothers, a commencé avant. Elle fut d’abord morale. La crise de tous les excès, dans tous les domaines, l’immobilier étant le plus visible (les folles constructions de Dubaï en furent la caricature).
La croyance stupide en une croissance sans limite, les bulles immobilières sous toutes les latitudes aussi bien Américaine qu’Espagnole, sous tous les régimes (libéraux ou socialistes).
Nous ne sommes qu’au début de cette évolution, mais il est probable qu’elle va se poursuivre irrésistiblement. Ce n’est pas à l’Etat seul, aux gouvernements de se pencher sur ces problèmes. Par contre, il appartient aux cercles de réflexions de la société civile d’en approfondir les thèmes, surtout de les diffuser et, par voie de conséquence, d’orienter les investissements à venir. L’innovation étant le vecteur des activités du futur.
Pour gagner l’élection, il est certes utile :
De ne pas trop parler d’austérité,
De laisser croire que la croissance va reprendre à partir de bonnes mesures d’assainissement de nos finances publiques,
De laisser croire que le chômage va diminuer à partir du retour de la confiance que nous allons rétablir,
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