Le mistigri de la relance

080909-Relance.jpgDans un monde aux frontières ouvertes, la croissance des uns favorise les exportations des autres. Cette année, les pays d’Europe subissent une panne de croissance. Les gouvernements sont donc tentés d’appliquer une politique de relance. Compte tenu des règles édictées au sein de l’Union Européenne, seuls les pays qui sont dans les clous des règles budgétaires auront droit de le faire.

La France, ayant un déficit budgétaire supérieur à 3% du PNB et une dette cumulée  supérieure à 60 %, sera priée de s’abstenir. Elle devra se contenter de bénéficier de la relance des pays supposés vertueux, notamment l’Allemagne, l’Espagne et la Grande Bretagne.

L’amalgame est pour le moins étrange car si l’économie allemande peut effectivement être considérée comme vertueuse, il n’en va pas de même des économies anglaise et espagnole où l’endettement des ménages est de l’ordre de 130 % du PNB, c’est-à-dire plus du double du ratio français. 

Peut-être faudra-t-il un jour tirer la leçon que suggèrent les chiffres et se défaire du préjugé que seuls les déficits publics sont condamnables. La vertu, si vertu il y a, devrait être appréciée de toute autre manière. D'abord globalement, en cumulant la dette publique des états et de leurs collectivités territoriales avec l'endettement privé des ménages et des entreprises (même si, pour ces dernières, l'exercice peut apparaître plus complexe compte tenu de leur internationalisation). Ensuite, en faisant la nécessaire distinction entre l'endettement destiné à l'investissement productif et celui qui sert à couvrir des frais de fonctionnement. A cet égard, il est utile de rappeler que les collectivités territoriales ont l'obligation de voter des budgets en équilibre (discipline que ne s'impose pas l'Etat !). 

En attendant, les Français pourraient dire merci aux Anglais et aux Espagnols. Grâce à leur vertu supposée (et probablement provisoire) la situation économique de la France se dégradera, peut-être, un peu moins que prévu.   

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