Outreau est décrit depuis plusieurs mois comme « Le Fiasco » de la justice française, mettant en exergue toutes les déficiences de notre système judiciaire et déclenchant, comme après chaque affaire de ce type et dans une atmosphère d’émotion intense, des crises de « réformite » aiguë.
Pourtant, à y regarder de plus près, on constate que malgré un nombre de carences aussi incroyables que nombreuses, l’essentiel a été préservé : ne pas condamner d’innocents.
Ainsi, en dépit d’un juge pour le moins enfermé dans ses certitudes, une hiérarchie totalement inefficace, des avocats en dessous de tout, des policiers bardés d’à priori et un premier jugement incompréhensible, la justice est tout de même parvenue à faire le tri entre les vrais coupables et les innocents. Innocents qui ont passé, certes, de nombreux mois en préventive. De longs mois insupportables pour eux et inexcusables, par leur durée, pour l’institution judiciaire.
Dans ces conditions, si une réforme s’impose, c’est bien celle sur la durée de la détention préventive et la présomption d’innocence. La première ne devrait pas excéder un délai raisonnable. Lanterne rouge en Europe, la France a, à cet égard, souvent été condamnée par la Cour Européenne de Justice pour des durées jugées, excessives, de détention provisoire. La seconde que toute personne non jugée est présumée innocente.
Or, dans notre pays, touché par le syndrome de réformite aigue, chaque ministre veut laisser son nom à une réforme, une loi... Il y eut ainsi pas moins d’une réforme de l’éducation tous les 18 mois, ces trente dernières années. Celles de la justice sont à peine moins nombreuses. Le mot réforme lui-même finit par donner de l’urticaire aux Français qui oscillent entre scepticisme et rejet. Or, les réformes réussies ne sont jamais d’opportunité. Elles sont réfléchies dans la sérénité. Celles ficelées dans l’urgence après un tsunami émotionnel sont vouées à l’échec.
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