Les Tunisiens sont huit fois moins nombreux que les Egyptiens, leur niveau de vie est plus élevé et leur système éducatif plus performant. C’est dire que, si la démocratie ne parvenait pas à s’installer en Tunisie, il n’y aurait aucune chance qu’elle puisse s’installer en Egypte.
La Tunisie fait d’autant plus figure de test que, malgré la mauvaise ambiance actuelle, sa mise à flots est à la mesure des moyens dont dispose l’Europe : 5 à 10 milliards d’euros pourraient suffire à relancer la machine. Et la reprise s’accélèrerait dès lors que des investisseurs prendraient à nouveau le risque d’investir et des touristes le risque de choisir une destination jadis privilégiée. Voici donc un pays où le processus démocratique pourrait ne pas dérailler.
L’Egypte est une tout autre affaire. Le sauvetage de la Tunisie serait pour elle un encouragement nécessaire mais pas suffisant. Les militaires ne sont pas prêts à renoncer à leurs privilèges. Les jeunes qui se sont révoltés au cri de « Dignité », se sentent grugés. Ils ont voté « non » au référendum constitutionnel mais il y a eu 77% de « oui » grâce aux habitudes de soumission à l’ancien régime et à l’appui décisif des « Frères Musulmans ». La suite, pour eux, ne s’annonce pas brillante.
Pour s’attacher les ventres creux, le gouvernement a multiplié les subventions aux produits alimentaires. Mais les caisses de l’Etat sont maintenant vides et les investisseurs étrangers se méfient d’un pays où la bureaucratie est paralysante et où la politique semble incertaine.
Le casse-tête n’est plus seulement local ni même européen, il est mondial. Et d’autant plus sérieux que l’Egypte est, avec l’Iran et la Turquie, le seul vrai pays, le seul grand pays de la région. Son avenir est déterminant … Pour le meilleur ou pour le pire. Pour la guerre ou pour la paix.
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