A la tribune comme dans la salle les membres ou sympathisants du Club des Vigilants étaient nombreux le 11 décembre à la 20ème journée nationale d’intelligence économique d’entreprise qui se tenait dans les locaux de Polytechnique à Palaiseau. L’académie de l’intelligence économique, fondée par Robert Guillaumot, présidée aujourd’hui par Alain Juillet, est en effet un des organismes partenaires du Club. Sujet du jour : les « mégadonnées » ou « données massives », autrement dit les big data.

Quelques impressions rapides d’une journée très riche.

Quand on parle de mégadonnées il ne s’agit plus de traiter des échantillons mais de toutes les données de l’univers choisi qu’il soit commercial, scientifique ou stratégique. Au-delà des défis de stockage et de traitement il y a, à l’entrée, d’évidents problèmes de qualité, de véracité et de manque d’homogénéité des données à régler. Les écrits circulant sur le web, dans les forums, sont, par exemple, une matière première pour détecter des problèmes affectant un modèle précis d’un constructeur automobile, voire une pièce de ce modèle. A la sortie il faut également trouver des moyens simples de résumer et donner à voir ou à manipuler les résultats.

La puissance des outils existants est d’ores et déjà impressionnante, voire effrayante (allez voir de quoi est capable Watson, logiciel/ordinateur auquel IBM a eu la bonne idée commerciale de donner un prénom). L’anonymisation des données n’offre que des garanties assez faibles de ne pas être repéré. Cependant cet univers présente des opportunités importantes d’emploi et de création d’entreprises pour un pays, la France, réputé pour ses mathématiciens. La journée a été ouverte par Erwan Le Pennec, jeune professeur associé à Polytechnique qui met en place une chaire « data scientist » dans cette école.

Parmi les orateurs très présents pendant cette journée François Bourdoncle, co fondateur d’Exalead, président de l’entreprise de conseil FB & Cie, porteur du « plan big data » auprès des pouvoirs publics avec Paul Hermelin, PDG de Cap Gemini. Il est au cœur des discussions avec la CNIL (Commission Nationale Informatique et Liberté) qui est un peu l’empêcheur d’avancer pour cette industrie en gestation. Ce qui était un peu inquiétant pour un vigilant dans ce qu’on a entendu ce jour-là c’est qu’on ne cherche pas vraiment à nous rassurer sur la protection de la vie privée mais plutôt à nous dire que ce souci est dépassé. Autrement dit il faudrait choisir entre notre réglementation protectrice et le développement d’une nouvelle activité prometteuse en France.

Bon sujet de réflexion pour les vigilants.