Parlez-moi d’amour !

070717-parlez_moi_d_amour.jpgComme la plupart des citoyens dans la plupart des démocraties, les Français ont envie « d’autre chose ». Avec Sarkozy, ils ont choisi de rompre avec l’immobilisme. C’est un premier pas, un passage obligé. S’il est bien franchi, on ne pourra que s’en réjouir. Restera à définir « l’autre chose ». Le Parti Socialiste en est aujourd’hui incapable mais ses échecs l’obligent à une remise en cause et la quête française d’un « socialisme nouveau » méritera d’être observée.

La première manche va se jouer, dans les mois qui viennent, entre les tenants de la « social démocratie » (qui savent ce qu’ils veulent) et ceux qui cherchent encore. Le problème avec les socio démocrates est qu’en dépit de leur intelligence et de leur sincérité ils demeurent prisonniers d’un idéal passé. Leur référence de prédilection est le Congrès de Bad Godesberg par lequel le parti socialiste allemand, le SPD, a bien voulu reconnaître la réalité de l’économie de marché. C’était en 1959 !

L’ambition, comme le montrent les discours de l’époque, consistait à distribuer plus équitablement les fruits de la croissance, à mettre sur pied une variante efficace de «l’Etat providence », bref, à traduire en termes politiques les analyses économiques du professeur Keynes. C’était un processus fécond quand chaque pays était plus ou moins autonome et que la mondialisation servait seulement de thème à de savantes réflexions.

Depuis Bad Godesberg, 48 ans ont passé et, pendant ce quasi demi siècle, le communisme s’est effondré, le libéralisme a triomphé, la société a profondément évolué. Les jeunes d’aujourd’hui ne rêvent plus de « lendemains qui chantent » mais sont à nouveau capables de chanter des lendemains. Ils ont soif d’idéal, besoin d’écoute, de participation. De ce point de vue, n’en déplaise à Dominique Strauss Kahn ses propos font « vieux jeu ». Certes, il ne va pas aussi loin qu’Alain Juppé, disant, au début des années 90, que la participation était « un truc utilisé par les gouvernements pour faire passer leurs réformes ». Il n’en considère pas moins – et nous sommes en 2007 ! - que c’est « un moyen et non une fin ».

Dans le monde d’aujourd’hui, pourtant, la connexion est partout. Si l’on veut qu’un progrès puisse éclore, il faut que la société se l’approprie. Au lieu de découler d’une loi (que la complexité va bientôt transformer en usine à gaz) il devra résulter d’une multitude d’initiatives qui, formant réseau, s’enrichiront l’une l’autre tant à l’intérieur des frontières que par le cosmopolite mélange de cultures diverses.

Qu’on le souhaite ou qu’on le regrette, l’aspiration à « autre chose » ne pourra être satisfaite que si, grâce à une croissance plus verte et à une fraternité moins abstraite, émerge une mondialité nouvelle. Les enjeux écologiques et le cumul des menaces sont tels que la nouvelle gauche sera connective ou ne sera pas.

S’il fallait inventer un nouveau slogan, le plus simple serait de reprendre le titre d’une vieille chanson : « Parlez-moi d’amour ! ».

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