Avant de décerner le prix Nobel de la Paix à trois activistes des droits de la Femme (deux libériennes et une yéménite), le jury norvégien avait songé à désigner Stéphane Hessel dont l’«Indignez-vous ! » a des répercutions mondiales.
Cette quasi consécration a incité des hommes de bonne volonté à croire ou à prétendre que c’était le contenu de l’opuscule et non son titre qui était à l’origine du phénomène. L’auteur lui-même est allé jusqu’à émettre quelques réserves et à laisser entendre que le choix venait de l’éditeur.
Si tel est le cas, Bravo l’éditeur ! Stéphane Hessel devrait le remercier et ses adeptes comprendre que les « Indignés » de Wall Street et ceux de l’Acropole ne peuvent avoir un programme en commun.
Si les périls actuels pouvaient se résumer en une phrase, si le monde était confronté à un seul danger (ou même à un danger principal auquel tous les autres seraient subordonnés), il serait facile d’élaborer, dès maintenant, un programme net et structuré. Le problème, précisément, est que les menaces se cumulent[1], que les vases sont communicants et que les « gouttes d’eau » susceptibles de les faire déborder peuvent tomber à l’improviste. Pour le moment, aucune théorie globalisante et opératoire n’est à disposition. Les diverses « indignations » reflètent un bouillonnement d’angoisses et recèlent des prémisses d’espérances. Elles sont l’équivalent d’un « bottom up » préalable (et sans doute nécessaire) à l’accouchement d’un renouveau.
Mieux vaut contribuer à la maturation que se bercer de l’illusion que le monde est actuellement suffisamment uni pour qu’un « objectif » puisse être clairement identifié et qu’un « comportement responsable[2] » puisse faire émerger des solutions valables ... ou même des amorces de solutions.
[1] Voir l’article de Jacques Blamont pour le groupe de travail « Cumul des menaces » tel que publié dans la revue Commentaire N°115, automne 2006. http://commentaire.fr/
[2] Jean Daniel dans le Nouvel Observateur (n°02228 du 6 octobre 2011).
Ajouter un commentaire