Nécessité faisant loi, les critères de Maastricht sont mis entre parenthèses. Les Etats européens, pour relancer l’économie, creusent les déficits. Ils ont tous leurs raisons mais les inconvénients ne seront pas les mêmes pour chacun.
Le credo libéral imprégnait les esprits quand ont été conçus les critères de Maastricht. Il stipulait que l’intervention de l’Etat était en général plus nuisible qu’utile et les décisions individuelles plus utiles que nuisibles. Aussi, l’endettement des Etats devrait-il être sévèrement limité tandis que celui des ménages pouvait être considéré comme un moteur nécessaire de la consommation.
Raymond Aron, en d’autres temps, a parlé des méfaits de la vulgate marxiste. On peut dire aujourd’hui que la vulgate libérale a provoqué des erreurs de jugement. Certains bons esprits estimaient, par exemple, que la France était « en retard » dans le crédit à la consommation. Heureux retard ! Les cigales anglaises et espagnoles ont maintenant de quoi envier les quasi-fourmis allemandes et françaises !
Voici déjà plusieurs années que Vigilances plaide pour que la définition de l’endettement d’une nation comprenne à la fois l’endettement de l’Etat, celui des collectivités locales et celui des ménages. Comme les critères de Maastricht sont coulés dans le bronze des traités et que, de toute façon, la crise les a rendus provisoirement caducs, personne ne se bousculera pour les changer. En revanche, les recommandations et avertissements prodigués par Bruxelles vont désormais être amenés à prendre en compte la réalité et donc à tenir balance inégale entre les nations qui, grâce à l’épargne des ménages, ont encore de la marge et celles qui en ont moins.
Ajouter un commentaire