François Bayrou a réalisé un score plus qu’honorable mais sa performance n’a pas été à la hauteur de son ambition. Pourquoi ? Sans doute parce qu’il a voulu faire d’une condition nécessaire (le rassemblement des bonnes volontés de droite et de gauche) une condition suffisante.
“The more we’re together, the happier we shall be”, c’est très joli mais encore faut-il savoir pour quoi faire, avoir une vision de ce que doit être l’avenir. Reste à savoir si les deux finalistes ont plus de vision.
Ségo a repris une phrase que Mitterrand avait utilisée pendant sa campagne de 1974 : « Mon projet n’est pas de prendre le pouvoir mais de vous le rendre ». Il faut espérer que, si elle est élue, elle donnera plus de suite à ce propos que ne l’a fait son illustre mentor. Sans doute est-elle, sur ce point, très sincère. A ses yeux, la participation n’est pas un simple moyen mais une véritable fin. Ce n’est pas un artifice pédagogique destiné à faire accepter « en bas » les idées « d’en haut » mais une source de renouveau, une sorte d’idéal démocratique qui permet à une nation de retrouver son âme. Est-ce suffisant en tant que vision ? Pas complètement mais quand même un peu si, dans l’ensemble des mesures proposées, l’idée de participation est suffisamment prégnante pour être un nœud de cohérence. On verra pendant la campagne de l’entre deux tours si tel est le cas.
Sarko, c’est encore autre chose. Quand il parle de « France fraternelle », on se demande si c’est une véritable vision ou une simple façon de se positionner après une campagne de premier tour suffisamment droitière pour avoir privé Le Pen d’une bonne partie de son électorat. Au fond, peu importe : l’art consommé de la tactique finit par avoir une valeur stratégique. Si les Français élisent Sarko, ce ne sera pas tant parce qu’ils seront convaincus de l’authenticité de ses proclamations que parce qu’ils croient aux vertus de son énergie.
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