Par delà l’horreur syrienne et l’apparente probabilité d’un embrasement contagieux, se profile, depuis plusieurs mois, la possibilité d’une réconciliation entre les Etats-Unis et l’Iran. A la mi-avril, puis début juin, Vigilances 104 (Etats-Unis/Israël/Iran : trois faits, une hypothèse), et Vigilances 105 (La Syrie n’est que le détonateur) ont recensé plusieurs indices pointant dans cette direction et susceptibles de conduire à une reconfiguration de toute la région. La désormais célèbre conversation téléphonique du vendredi 27 septembre de 14h30 à 14h45 entre Obama et Rohani constitue, à cet égard, une étape décisive supplémentaire.
L’élection présidentielle iranienne, le 14 juin, puis, le 30 juin, la révolution égyptienne avaient accéléré le processus. En Iran, il apparaît de plus en plus clairement que le « Guide » laisse le nouveau Président mener une politique d’ouverture essentiellement dirigée vers les Etats-Unis. En Egypte, l’armée s’est assurée une suprématie durable sur les Frères musulmans dont le sectarisme avait lassé la plus grande partie du peuple. Tant pis pour le Qatar qui soutenait les Frères. Tant mieux pour l’Arabie qui les détestait. Obligation, pour Obama, de renoncer à l’illusion que la Confrérie pouvait être à l’Islam ce que la Démocratie Chrétienne avait été pour l’Europe. Ainsi se prépare un bouleversement des alliances.
Pour aller jusqu’au bout, il faudrait une accalmie dans l’antagonisme irano-saoudien. En Arabie, le roi Abdallah s’emploie à vaincre les résistances des puissantes fondations religieuses qui attisent la haine entre sunnites et chiites. En Iran, le Président Rohani essaye de faire comprendre aux « Gardiens de la Révolution » que tel était le vœu de l’Ayatollah Khomeiny, fondateur de la République Islamique (voir le Numéro : Spécial-Iran, supplément à Vigilances 39 de janvier 2006). Des contacts se sont noués de toutes parts. L’utilisation d’armes chimiques en Syrie a failli mettre à bas tout l’échafaudage. La Russie a sauvé la mise.
Grâce à une initiative bien conduite, Poutine a calmé les ardeurs militaires et morales d’Obama et, accessoirement, de Hollande. Nous entrons maintenant, dans une nouvelle étape avec, en perspective, une conférence internationale à laquelle participeraient des pays proches de la Syrie, y compris l’Iran. Pourrait émerger un « Nouveau Moyen Orient » qui serait apaisé.
C’est un espoir et non une certitude. Le chaos syrien est comme un incendie. Des pompiers sont là. Des pyromanes aussi.
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