Hésitations nucléaires

070419-CentraleNucl%E9aire.jpgLes partisans de l’énergie nucléaire soulignent que plus on aura recours à elle moins l’atmosphère sera encombrée de Co2. Ces adeptes de l’atome ont du mal à admettre que certains écolos fassent de la résistance. A leurs yeux, c’est de l’obscurantisme. Un accident de type Tchernobyl ne devrait pas se reproduire pour la bonne raison qu’il n’aurait pas eu lieu si les consignes minimales avaient été un tant soit peu respectées.

L’argument est fort mais ne convainc pas tout le monde. D’abord, des erreurs humaines restent possibles quelles que soient les précautions prises. Ensuite, la protection contre la malveillance ne peut être parfaite surtout en temps de guerre ou de terrorisme exacerbé. Pour bien faire, les centrales devraient être enterrées mais quel serait le prix de cet enfouissement ? Les adversaires du nucléaire ajoutent que 43 pays postulent à des mises en service et estiment qu’ils ne sont pas tous capables d’assurer la maintenance ou disposés à accepter l’aide des fournisseurs.

Malgré l’urgence, le débat n’est pas près d’être clos.

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Commentaires

Pour Tchernobyl, ce que vous écrivez, cher Marc, n'est pas discutable. Le réacteur en soi n'était pas fameux, mais pour qu'il explose, il a fallu accumuler les plus incroyables sottises telles que les ivrognes et les drogués peuvent seuls en inventer. A ce niveau, on ne peut pas parler d'erreur humaine.
Justement, le propre d'un réacteur bien conçu est qu'il n'est pas vulnérable à l'erreur humaine. Les sytèmes de sécurité sont là pour y pallier et ils le font tous les jours.

Tout autre est le problème de la malveillance et surtout du terrorisme. Ce n'est pas la chute d'avion qu'il faut craindre. Il n'y a aucun rapport entre l' enceinte étanche d'un EPR et les Twin Towers, cibles faciles et spectaculaires donc idéales. D'ailleurs, la chute de l'avion sur le Pentagone, objectif plus vaste et beaucoup moins protégé qu'une centrale nucléaire, a montré les limites de l'efficacité de l'exercice.
Enterrer les centrales serait complexe, trés coûteux et pas trés efficace.

Un véritable danger est le kamikase qui réussit à s'introduire dans l'installation et va se faire sauter dans la salle de contrôle, par exemple. La parade passe par des mesures de sécurité draconiennes sur les circulations au sein de l'installation et par une sélection non moins drastique des personnels admis à y entrer. Ce n'est pas forcément politiquement correct!

Le choix des pays admis à faire partie du club est non moins critique et délicat. A voir ce qui se passe en Irak,on est heureux qu'il n'y existe plus de centrale nucléaire, même expérimentale. Car même si un pays commence par accepter l'aide des fournisseurs, rien n'assure que ce sera une position pérenne. Le cas de l'Iran ou de la Corée du Nord le démontrent.

Ma conclusion n'est, hélas, pas politiquement correcte. L'usage de l'énergie nucléaire" devrait être réservé à des pays "sûrs", c'est à dire, en fait à des pays vraiment démocratiques et de tradition démocratique bien implantée. Ce qui vient de se passer à Alger me fait sans hésiter mettre, pour l'instant du moins, l'Algérie dans une catégorie où il serait imprudent d'implanter une installation nucléaire.

C'est là, à mon avis, que se situe le point faible du nucléaire,beaucoup plus que dans la gestion des déchets, de basse, moyenne ou trés haute activité, qui est un faux problème.

Cette distinction entre vrais et faux problèmes relatifs au nucléaire civil me parait plus que salutaire.
Sortons des dogmes partisans pour observer sereinement certains faits. La rareté au plan général des accidents nucléaires peut se rapporter à celle des accidents de train : qui considère le train comme un moyen de transport dangereux ? Personne et à juste titre. La comparaison néanmoins a ses limites du fait des conséquences inégales d'un accident dans les cas respectifs...

En France, on peut admettre une réelle expertise dans la production de MWh nucléaires avec un savoir faire établi dans la gestion des déchets, qui au fond (!) ne posent pas de réels problèmes. Les plus radioactifs ont une vie courte, on peut les "surveiller" en surface, et les plus durables n'ont eux, qu'une faible activité, on peut donc les "enterrer" soigneusement sans grand risque.

Quant au terrorisme, ce qu'apporte J-C Leny relève d'un bon sens avéré : pourquoi mener une opération aussi complexe qu'un détournement de jet rempli de kerosène pour l'envoyer sur du béton armé en pleine campagne anonyme au risque de ne faire qu'un peu de fumée même si des fuites distilleront leurs maux discrètement des années après. Aucun terroriste "sérieux" ne le ferait, (les autres en étant incapables).

En revanche, la paralysie du pilotage de la centrale par une avarie majeure en salle de contrôle est un vrai risque. Mais des systèmes simples de mise au repos du réacteur en cas de crise technique existent sûrement et peuvent encore être renforcés.

Comme le souligne justement J-C Leny, c'est la dimension politique du nucléaire qui elle, pose problème. Tous les Etats ne sont pas d'égale "sûreté", c'est un fait. Comble de l'ennui certains des moins sûrs frémissent de plaisir à l'idée de posséder le feu atomique...

Les pays "sûrs" peuvent-ils dire clairement à d'autres Etats "vous êtes des dangers publics, pour vous l'atome c'est niet" sans violer les codes diplomatiques élémentaires ?

Certes non. Telle attitude ne ferait qu'amplifier la radicalité des plus enclins à l'épreuve de force...

La seule voie d'avenir serait de prendre en considération les vrais besoins de développement, y-c des énergies, en les séparant du nucléaire, surtout militaire. Promouvoir les énergies propres associées à la technologie récente et adaptées aux lieux serait particulièrement efficace dans les pays à faible consommation électrique.

Pour eux, le solaire, la géothermie profonde et moyenne, l'éolien et l'hydraulique, toutes ces voies pourront permettre de se passer de la fission sauf dans une optique de commercialisation de centrales électro-nucléaires. Mais une vision aussi étriquée ne devrait jamais être avalisée par des dirigeants responsables.

Aussi le gel de l'expansion nucléaire y-c civil devrait commencer dès à présent compte tenu des risques de dérapages et de la difficulté de trier parmi les demandeurs autrement que par la seule question du financement...

Il me semble qu'il y a assez à faire en maintenance et renouvellement dans les pays riches "sûrs" pour assurer l'avenir d'Areva et de toute les filières européennes de l'atome civil.

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