Que restera-t-il de Trump dans vingt ou cinquante ans si nous nous projetons dans le futur ? Que nous enseigne l’histoire de l’Amérique au moment où l’élection surprise de ce républicain populiste prend toutes les allures d’un cataclysme, si nous regardons vers l’arrière?
C’est le rôle des think tanks et autres clubs de réflexion comme le Club des Vigilants d’essayer d’inscrire l’événement dans le temps long.
La promesse de campagne la plus évidemment dangereuse pour l’humanité concerne le climat. Le changement d’attitude des Etats-Unis et de la Chine a permis l’accord de la COP21. Trump menace de remettre en cause l’adhésion américaine à la coalition mondiale pour la baisse des émissions de gaz carbonique. Le temps presse. Nous avons vingt ans, disent les experts. Pas le temps d’attendre le successeur de Trump. C’est le danger le plus évident, à l’échelle du temps long.
Regarder vers le passé lointain, au delà de Reagan, souvent évoqué dans les commentaires, permet plutôt de calmer nos inquiétudes en nous montrant en quoi il n’a rien de nouveau.
Le populisme est une vieille invention américaine. C’est même l’Amérique rurale et celle des petites villes qui a inventé ce terme vers 1890. En réaction aux élites de Washington et de Wall-Street déjà. Dans les années trente des populistes comme Huey Long et Father Coughlin rassemblaient des auditoires de dizaines de millions d’américains. Franklin Roosevelt a su leur faire barrage. Pas Hilary Clinton.
Des phases protectionnistes et isolationnistes, les Etats-Unis en ont connu plus d’une et de spectaculaires. Mille économistes avaient signé une pétition contre le catastrophique tarif douanier Hawley-Smoot de 1930. L’isolationnisme de l’opinion américaine était tel dans l’entre deux guerre qu’il fallut l’attaque japonaise sur Pearl Harbor et toute la force de conviction de Roosevelt contre l’opinion pour faire entrer le pays dans la guerre en décembre 1941.
Malgré ces poussées de repli sur soi, les Etats-Unis sont toujours restés une démocratie. C’est le message le plus rassurant de l’histoire face à un populiste aussi imprévisible et versatile. Il va avoir tous les pouvoirs puisque les Républicains contrôleront également le Congrès. Que va-t-il faire s’il échoue, comme c’est probable, à doubler la croissance et rendre l’Amérique plus grande qu’elle n’est ? Heureusement, la profondeur des convictions démocratiques – des croyances démocratiques est-on tenté d’écrire- est telle aux Etats-Unis – et sans doute chez Trump lui-même - que l’élection d’un populiste est moins inquiétante là-bas qu’ailleurs.
Marc Ullmann, journaliste, essayiste, fondateur du Club des Vigilants, était un passionné des Etats-Unis où il allait très souvent. Il a écrit ceci : « Depuis la guerre de Sécession, aucun groupe n’est parvenu à mettre durablement en péril le règne de la Loi. Nul n’imagine qu’il en ira autrement à l’avenir… L’histoire des Etats-Unis n’est pas l’histoire d’un peuple, mais d’une Constitution. L’acceptation d’une loi commune a fondu et continue de fondre en une seule nation des populations différentes. La Cour Suprême reste – même s’il arrive que ses décisions soient contestées – la clef de voûte de la société et le dernier recours du citoyen. » Pourvu qu’il ait raison.
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