Appel à la résistance de l’esprit

Dans une tribune publiée dans Le Nouvel Obs le 27 juin, Edgar Morin, ancien résistant, sociologue et philosophe, analyse avec lucidité la situation politique chaotique de la France, à quelques jours du premier tour des élections législatives. Au-delà de ce point de vue personnel fort d’une longue expérience (il fêtera ses 103 ans en juillet) porté sur la crise actuelle, qu’il ne faut pas circonscrire à l’Hexagone, mais inscrire dans un contexte mondial de tensions extrêmes pouvant déboucher sur un conflit interplanétaire à partir de points explosifs (ex : Palestine / Israël, Ukraine / Russie, Taïwan, Corée), c’est avant tout l’esprit de résistance qui est mis en avant dans ces propos, comme en témoigne la conclusion de la tribune :
« Nous devons savoir que l’esprit de résistance nécessite la résistance de l’esprit. Nous devons savoir, en même temps, que l’esprit de résistance est l’esprit de renaissance ».

Saisissons cet appel à la résistance de l’esprit pour insister sur la nécessité d’une pensée lucide en ces temps profondément troublés : 

- Résister par l’esprit, pour ne pas se laisser guider par la peur ou par la haine, réflexes primitifs si facilement manipulables, et qui sont aujourd’hui au cœur de la campagne.

- Résister par l’esprit, pour développer une pensée autonome, et non pas se laisser guider, passivement, par les beaux discours, les promesses illusoires, qui ne tiendront pas longtemps face aux enjeux à venir d’une réalité complexe.

- Résister par l’esprit, pour avoir le courage d’inventer un nouveau projet de société, alors que le système actuel vacille de plus en plus, sous l’effet des dysfonctionnements, de paradoxes et d’excès.

- Résister par l’esprit, pour éviter de tomber dans le piège de la « psychose de l’ennemi », responsable de tous les maux.

Le seul ennemi, c’est l’HOMME lui-même, dans son inconséquence, son irresponsabilité, son aveuglement, sa lâcheté face aux vrais enjeux du monde contemporain.

Et pour faire écho aux propos d’Edgar Morin, il convient de rappeler l’exhortation d’une autre intellectuelle, Hannah Arendt, dénonçant dans son ouvrage « La banalité du mal » (1963) l’absence de la pensée menant aux pires atrocités : « L’être humain ne doit jamais cesser de penser. C’est son seul rempart contre la barbarie ».

A méditer, en ces temps où la pensée fait défaut face aux affects exacerbés …

 

 

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